Cette profession libérale gagne en moyenne 400 000 euros par an
Les revenus des médecins libéraux en France : Une évolution contrastée entre 2017 et 2021
L’exercice libéral de la médecine en France, tout en offrant une indépendance précieuse, présente aussi des défis économiques considérables. En dépit d’une légère hausse des revenus entre 2017 et 2021, la réalité financière des médecins libéraux est marquée par de profondes disparités. Les spécialités, l’ancienneté, le mode d’exercice et même le sexe des praticiens jouent un rôle déterminant dans l’évolution de leurs revenus. Cette situation reflète un secteur en pleine mutation, influencé par des facteurs économiques et sociaux, mais aussi par les choix d’organisation professionnelle, comme l’essor des sociétés d’exercice libéral (SEL). Dans ce contexte complexe, il est essentiel de comprendre comment ces évolutions impactent les revenus des médecins et quelles solutions s’offrent à eux pour sécuriser leur activité et leur avenir.
1- Une légère hausse globale des revenus
En 2021, les médecins libéraux ont perçu un revenu annuel moyen d’activité de 124 000 euros, composé à 92 % de revenus libéraux et à 8 % de rémunérations salariales. Cette moyenne cache une progression limitée de 0,6 % par an en euros constants, nettement inférieure à celle observée entre 2014 et 2017 (+1,9 %).
Les omnipraticiens ont bénéficié d’une croissance de leur revenu moyen de 0,7 % par an, principalement grâce à la revalorisation des consultations en 2017. En revanche, les spécialistes non généralistes ont vu leurs revenus stagner ou légèrement diminuer, avec une baisse moyenne de 0,1 % par an.
2- Des disparités importantes selon la spécialité
Les revenus varient fortement selon la spécialité. Voici quelques exemples :
- Les radiothérapeutes occupent le sommet avec un revenu annuel moyen de 417 500 euros.
- Les médecins nucléaires suivent avec 283 300 euros.
- Les radiologues arrivent ensuite avec un revenu moyen de 212 700 euros.
À l’opposé, certaines spécialités sont moins rémunérées :
- Les pédiatres touchent en moyenne 88 400 euros.
- Les psychiatres perçoivent en moyenne 92 800 euros.
- Les rhumatologues gagnent en moyenne 92 200 euros.
Des écarts existent également au sein d’une même spécialité. Par exemple, pour les radiothérapeutes, les 10 % les mieux rémunérés perçoivent au moins 17 fois plus que les 10 % les moins bien rémunérés.
- Un impact de l’ancienneté et de la féminisation
Le revenu moyen des médecins récemment installés (moins de 10 ans) a baissé de 2,8 % par an entre 2017 et 2021, en partie à cause de la crise sanitaire et d’un effet structurel lié à une plus forte féminisation. Le taux de féminisation a progressé de 37 % en 2017 à 42 % en 2021. Or, les femmes médecins gagnent en moyenne 90 000 euros, contre 148 000 euros pour leurs homologues masculins.
En revanche, les médecins exerçant depuis plus de 10 ans ont vu leur revenu progresser :
- +2,6 % pour ceux en activité depuis 10 à 29 ans.
- +2,3 % pour ceux ayant 30 ans ou plus d’expérience.
- Une montée en puissance des sociétés d’exercice libéral
L’exercice via des sociétés d’exercice libéral (SEL) a considérablement augmenté. En 2021, un médecin sur sept exerçait en SEL, contre un sur vingt en 2017. Ce cadre juridique, qui permet de combiner revenus à l’acte et dividendes, attire particulièrement les jeunes générations et les spécialités nécessitant un investissement matériel élevé, comme les radiologues (62,3 % en SEL).
- Des écarts persistants entre secteur 1 et secteur 2
Les médecins exerçant en secteur 2, autorisés à pratiquer des dépassements d’honoraires, gagnent en moyenne 149 100 euros par an, contre 115 100 euros pour ceux du secteur 1. Cependant, la progression des revenus est plus dynamique en secteur 1 (+0,5 % par an) qu’en secteur 2 (-0,3 % par an).
L’adhésion croissante au dispositif Optam (option pratique tarifaire maîtrisée), qui limite les dépassements d’honoraires, a également contribué à freiner la hausse des revenus en secteur 2.
- Une redistribution des revenus au sein de la profession
Entre 2017 et 2021, les revenus des médecins appartenant aux tranches les plus basses ont progressé plus rapidement. Les omnipraticiens situés dans le premier décile de revenus ont enregistré une hausse annuelle moyenne de 13,1 %, contre une baisse de 1,9 % pour ceux du dernier centile.
- Des revenus en évolution contrastée
Les données de 2021 mettent en lumière une profession marquée par des disparités croissantes. Si les omnipraticiens et les jeunes médecins bénéficient de dynamiques positives, d’autres spécialités font face à des pressions économiques liées à la crise sanitaire, à la féminisation croissante et aux changements de cadre juridique. La montée en puissance des SEL et des dispositifs comme l’Optam pourrait restructurer durablement le paysage des revenus médicaux.
La responsabilité civile professionnelle, un impératif pour les médecins libéraux
L’exercice de la médecine libérale implique des obligations juridiques et déontologiques strictes, parmi lesquelles la souscription à une assurance responsabilité civile professionnelle (RC Pro). Cette couverture est indispensable pour garantir la prise en charge des dommages causés à des tiers dans le cadre de l’activité médicale, qu’il s’agisse d’erreurs, de fautes ou d’omissions.
En cas de litige, cette assurance protège à la fois le patient en permettant une indemnisation rapide et le médecin en limitant les conséquences financières des recours engagés. Les praticiens exerçant en société d’exercice libéral (SEL) doivent également veiller à adapter leur RC Pro aux spécificités de leur cadre juridique, notamment si plusieurs professionnels partagent la même structure.
La souscription à une RC Pro est non seulement obligatoire, mais constitue aussi un filet de sécurité essentiel pour les médecins dans un contexte d’attentes croissantes des patients et de judiciarisation accrue.
Alors que le paysage des revenus des médecins libéraux évolue sous l’influence de multiples facteurs, qu’il s’agisse des écarts entre spécialités, du mode d’exercice ou de la féminisation de la profession, un point reste constant : la nécessité de sécuriser l’exercice de la médecine. La responsabilité civile professionnelle, bien plus qu’une simple obligation légale, se révèle être un véritable levier pour protéger les praticiens des risques inhérents à leur activité. Dans un environnement où les défis économiques et sociaux sont de plus en plus complexes, il est primordial que les médecins adaptent leur couverture d’assurance aux réalités de leur pratique, pour exercer sereinement et en toute sécurité.
Les chiffres communiqués concernent l’année 2023 et ont été publiés le 20/12/202
Source de l’article : https://www.drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-
communique-de-presse/etudes-et-resultats/241220_ER_revenu-des-medecins-
liberaux