« Devenez canonnier du Roi Soleil » : que cache cette invitation surprenante ?
Le Service historique de la Défense (SHD) propose actuellement aux particuliers et entreprises de participer au financement de l’acquisition de l’œuvre l’ « Ordre de bataille de Velez-Malaga » via le site de mécénat participatif Culture Time, en partenariat avec Hiscox . En quoi cela consiste-t-il ?L'objectif de la campagne de mécénat participatif lancée par le SHD sur https://www.culture-time.com/projet/canonnier est de réunir les fonds permettant de faire entrer dans les collections nationales un document unique représentant les flottes franco-espagnoles et anglo-hollandaises qui s'affrontèrent en 1704 en Méditerranée, dans le contexte de la Guerre de Succession d'Espagne. Il s'agit d'un rouleau de plus de six mètres de long, peint à la main par un jeune officier de marine, acteur de la bataille. On y voit, représentés avec minutie extraordinaire, les 200 navires de guerre alignés pour l'occasion : vaisseaux, frégates, galiotes, galères… Ce panorama, sans équivalent, constitue une source historiographique majeure sur l'architecture et la tactique navales à l'époque du Roi-Soleil.
Pourquoi le SHD s’intéresse-t-il à ce document ?
Le SHD est véritablement la "Maison de l'histoire militaire" en France. Héritier de très anciens services, il conserve des fonds d'une extraordinaire richesse relatifs à l'histoire militaire de notre pays depuis le XVIIe siècle : plus de 400 km d'archives, la plus grande bibliothèque d'Europe dans le domaine de l'histoire militaire (1 million d'ouvrages) et une grande partie du patrimoine symbolique de la Défense (insignes d'unités, drapeaux, etc). Tous ces fonds, qui se rapportent à notre histoire commune, sont à la disposition du public, particuliers, généalogistes, chercheurs, étudiants que nous accueillons en salle de lecture, à Vincennes et dans les neuf sites en France où est implanté le service. Le SHD, c'est aussi un acteur reconnu de la recherche et de l'enseignement en histoire militaire, activités menées en partenariat avec de nombreuses universités et centres de recherches en France et à l'étranger. Pour toutes ces raisons, l’ « Ordre de bataille de Velez-Malaga » a toute sa place au SHD : il complète utilement les collections et ouvre des perspectives prometteuses pour les chercheurs.
Comment expliquez-vous que des structures comme les vôtres s’orientent vers le crowdfunding en ligne ?
Comme beaucoup d’institutions culturelles qui y recourent déjà, le SHD ne peut qu’être séduit par les possibilités qu’offre le crowdfunding pour se faire connaître auprès de nouveaux publics. Les outils numériques constituent un formidable levier à cet égard.
Est-ce que ce phénomène est nouveau ?
Aujourd’hui, dans la sphère publique, le phénomène du crowdfunding, terme anglais auquel je préfèrerai substituer, si vous le permettez, celui de « mécénat participatif », se développe considérablement. Nombreuses sont les administrations qui lancent leur projet ou y réfléchissent pour un avenir proche. Pour le SHD, cette action de mécénat est une première, mais, face au succès de la campagne en cours, nous avons déjà d’autres projets en tête pour l’avenir...
Quelles sont vos différentes sources de financement ? Et comment réussir à trouver de nouvelles sources de financement ?
Comme service de l’Etat, le SHD se voit allouer par le ministère de la Défense, dont il relève, les budgets lui permettant de conduire sa mission de service public. Le recours au mécénat constitue une source de financement complémentaire, mais aussi un outil incomparable pour communiquer. Le mécénat est à la croisée des chemins entre la préoccupation naturelle de tout responsable d’un budget public de ménager et optimiser la dépense publique, mais aussi par ce levier extraordinaire de communication externe que constitue une telle opération.
Comment vous servez-vous des réseaux sociaux ?
Le SHD met déjà en ligne sur http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr de nombreuses ressources documentaires. De plus, le SHD est la source première d’alimentation du site ministériel « mémoire des hommes », mis en œuvre par la direction de la mémoire,du patrimoine et des archives du ministère de la défense. Le SHD est aussi présent, depuis plusieurs mois, sur les médias sociaux. La fréquentation de sa page FaceBook a enregistré une très belle progression depuis un an. Les réseaux sociaux sont un moyen très efficace pour intéresser les nouvelles générations au patrimoine culturel et à l’histoire, mais aussi nos ainés, qui de plus en plus deviennent des acteurs majeurs de ces nouvelles voies de communication. Pierre Laugeay Chef du service historique de la défense