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Pourquoi cumuler les statuts de salariés et auto-entrepreneur et quand arrêter ?

Publié le 20/12/2024 14:37 | Mis à jour le 20/12/2024 14:58 | 8 min de lecture

De plus en plus de personnes souhaitent se lancer dans l'entrepreneuriat, attirées par la liberté de travailler pour soi, l’envie de concrétiser un projet personnel ou de diversifier leurs revenus. Cependant, le saut vers l’indépendance peut s’avérer risqué, notamment d’un point de vue financier. C’est pourquoi cumuler un emploi salarié avec une activité d’auto-entrepreneur constitue une option judicieuse pour amorcer cette transition tout en limitant les incertitudes.

Pourquoi choisir le cumul salarié et auto-entrepreneur ?

Cumuler ces deux statuts offre plusieurs avantages, particulièrement pour les personnes qui envisagent de passer à terme à une activité 100 % indépendante.

1. Sécurité financière garantie :

L’un des principaux freins à l’entrepreneuriat est la peur de ne pas générer suffisamment de revenus au début pour couvrir les charges fixes et imprévues. En conservant un emploi salarié, vous maintenez un revenu stable qui couvre vos dépenses quotidiennes (logement, alimentation, etc.), tout en explorant le potentiel économique de votre projet entrepreneurial.

2. Tester son idée en douceur :

Le double statut vous permet de valider votre idée de projet sans pression. Vous pouvez expérimenter vos produits ou services, récolter des retours clients et ajuster votre offre sans avoir à vous soucier immédiatement de rentabiliser votre activité. Cette phase est idéale pour évaluer le marché et mettre en place des bases solides pour votre future entreprise.

3. Bénéficier d’avantages sociaux :

En tant que salarié, vous continuez à profiter des droits à la sécurité sociale, de la cotisation pour la retraite et, selon votre entreprise, d’autres avantages comme la mutuelle ou les congés payés. Cela vous évite de devoir souscrire immédiatement à des solutions individuelles souvent coûteuses.

4. Construire une transition maîtrisée :

Cette période de cumul vous offre du temps pour préparer sereinement votre transition vers l’entrepreneuriat : bâtir une clientèle fidèle, apprendre à gérer votre activité et épargner suffisamment pour faire face à une éventuelle baisse temporaire de revenus.

Comment préparer cette transition de salarié à auto-entrepreneur ?

Pour préparer administrativement la transition de salarié à auto-entrepreneur, il est essentiel de suivre plusieurs étapes clés. Voici un guide structuré pour vous aider dans ce processus :

1. Évaluation de votre situation actuelle

 - Vérifiez votre contrat de travail : Assurez-vous qu'il ne contient pas de clause d'exclusivité ou de non-concurrence qui pourrait limiter votre capacité à exercer une activité d'auto-entrepreneur.
 - Analysez vos motivations : Clarifiez pourquoi vous souhaitez devenir auto-entrepreneur et comment cela s'intègre dans votre projet professionnel.

2. Préparation des documents nécessaires

- Pièces justificatives : Rassemblez les documents requis pour la création de votre auto-entreprise, tels qu'une copie de votre pièce d'identité, un justificatif de domicile et éventuellement une attestation sur l'honneur concernant votre statut (salarié ou autre).
- Formulaire de déclaration : Préparez le formulaire de déclaration d'auto-entrepreneur, qui peut être rempli en ligne.

3. Création de l'auto-entreprise

- Déclaration d'activité : Depuis le 1er janvier 2023, toutes les démarches doivent être effectuées en ligne via le Guichet Unique. Cela inclut la déclaration de début d'activité, qui doit être faite au plus tard 15 jours après le début de l'activité.
- Immatriculation : Selon votre activité, vous devrez vous immatriculer au Registre National des Entreprises (RNE) ou au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS). Cette étape est généralement automatique lors de la déclaration.

4. Demande d'Aide à la Création ou Reprise d'Entreprise (ACRE)

Exonération partielle des cotisations sociales : Si vous êtes éligible, faites une demande d'ACRE pour bénéficier d’une exonération partielle des cotisations sociales durant la première année d'activité.

5. Gestion des obligations fiscales et sociales

- Inscription à l’URSSAF : Une fois votre auto-entreprise créée, vous serez automatiquement inscrit à l’URSSAF pour le paiement des cotisations sociales.
- Déclarations fiscales : Préparez-vous à déclarer vos revenus séparément pour votre activité salariée et celle d’auto-entrepreneur lors de votre déclaration d’impôt sur le revenu.

6. Planification du temps et des ressources

- Organisation du temps : Établissez un emploi du temps qui vous permettra de gérer efficacement vos deux activités sans compromettre vos performances dans l'une ou l'autre.
- Ressources nécessaires : Identifiez les outils et ressources dont vous aurez besoin pour démarrer votre activité (matériel, logiciels, etc.).

7. Communication avec votre employeur

- Transparence : Bien que cela ne soit pas toujours obligatoire, informer votre employeur de votre projet peut être bénéfique, surtout si cela est requis par votre contrat ou la convention collective.

Attention ! Si l’on est auto-entrepreneur au moment de quitter son poste (licenciement, rupture conventionnelle, etc…), on ne peut bénéficier des allocations chômage. Il est donc conseillé de fermer son statut d’auto-entrepreneur avant de quitter son emploi de le rouvrir ensuite.

Les étapes essentielles pour cumuler efficacement

Si ce modèle présente des avantages indéniables, il nécessite aussi une organisation rigoureuse et une bonne connaissance des obligations liées à ce double statut. Voici les étapes à suivre pour optimiser votre expérience :

1. Vérifiez la compatibilité avec votre contrat de travail

Avant de démarrer votre activité d’auto-entrepreneur, il est essentiel de vérifier que votre contrat de travail vous y autorise. Certaines clauses (comme la clause d’exclusivité ou la non-concurrence) pourraient limiter votre capacité à exercer une autre activité, surtout si celle-ci est en concurrence directe avec celle de votre employeur. En cas de doute, consultez un avocat ou un conseiller spécialisé pour clarifier votre situation.

2. Respectez vos obligations fiscales et sociales

En tant qu’auto-entrepreneur, vous devez déclarer vos revenus complémentaires auprès des autorités fiscales et payer des cotisations sociales spécifiques. Ce cumul de statuts pourrait aussi avoir un impact sur le montant de vos impôts, car vos deux revenus seront pris en compte dans le calcul global. Assurez-vous de bien comprendre ces implications pour éviter les mauvaises surprises.

3. Adoptez une organisation irréprochable

Gérer un emploi salarié tout en développant une activité indépendante peut être exigeant. Pour éviter le surmenage, définissez un planning clair et délimitez des plages horaires précises pour vos deux activités. Une bonne gestion du temps est indispensable pour préserver votre énergie et votre équilibre personnel.

4. Constituez une épargne de transition

Les premiers revenus d’auto-entrepreneur peuvent être irréguliers, surtout au début. Il est donc recommandé d’épargner une partie de ces bénéfices pour anticiper les périodes creuses et sécuriser votre transition vers l’indépendance.

Quand passer à l’indépendance complète ?

Le moment de quitter votre emploi salarié dépend de plusieurs facteurs. Voici quelques indicateurs à surveiller :
• Revenus réguliers : Votre activité d’auto-entrepreneur génère suffisamment de revenus pour couvrir vos charges fixes et variables.

• Épargne suffisante : Vous avez mis de côté l’équivalent de plusieurs mois de dépenses pour faire face aux imprévus ou à une baisse temporaire de revenus.

• Demande croissante : Vous constatez une augmentation de la demande pour vos produits ou services, ce qui prouve que votre activité a un réel potentiel de croissance.

Une fois ces conditions réunies, vous pouvez envisager de vous consacrer à 100 % à votre activité d’indépendant.

Les 4 clés d’une transition réussie

Pour réussir votre passage à l’entrepreneuriat, voici quelques conseils pratiques :
1. Choisissez le bon statut juridique : Si votre chiffre d’affaires dépasse les plafonds de l’auto-entreprise, vous devrez envisager un statut plus adapté, comme l’EURL ou la SASU. Prenez le temps d’évaluer les avantages fiscaux et sociaux de chaque option pour trouver celle qui correspond le mieux à vos besoins.

2. Investissez dans votre visibilité : La réussite de votre activité dépend en grande partie de votre capacité à attirer des clients. Une présence active sur LinkedIn ou d’autres plateformes professionnelles peut faire toute la différence. Tirez également parti des recommandations de vos premiers clients pour renforcer votre crédibilité.

3. Formez-vous continuellement : Être entrepreneur nécessite de maîtriser de nombreuses compétences (gestion financière, marketing, prospection, etc.). Profitez de formations ou de réseaux professionnels pour développer vos connaissances et rester compétitif.

4. Évitez le surmenage : Travailler pour soi peut être passionnant, mais cela peut aussi devenir épuisant si vous ne fixez pas de limites. Prenez soin de votre équilibre personnel et n’hésitez pas à déléguer certaines tâches si nécessaire.

Les avantages d’une transition progressive

Ce modèle progressif offre de nombreux atouts : il réduit le stress financier, vous laisse le temps de vous adapter aux réalités de l’entrepreneuriat et vous permet de prendre des décisions stratégiques en toute sérénité. En cumulant un emploi salarié et une activité indépendante, vous maximisez vos chances de réussite tout en minimisant les risques.

Cumuler un emploi salarié avec une activité d’auto-entrepreneur est une démarche astucieuse pour les professionnels souhaitant amorcer leur transition vers l’indépendance. Avec une bonne organisation, une préparation financière rigoureuse et une vision claire de vos objectifs, cette phase intermédiaire peut être un tremplin vers une carrière épanouissante et durable en tant qu’entrepreneur.