
Le biais cognitif du survivant : l’erreur mentale que même les meilleurs dirigeants commettent
Le biais du survivant en entreprise : comprendre et éviter les erreurs de jugement
Le biais du survivant est un phénomène cognitif qui peut sérieusement influencer la prise de décision en entreprise. Ce biais consiste à tirer des conclusions à partir d'un ensemble de données incomplet, en se concentrant uniquement sur les réussites visibles tout en ignorant les échecs. Comprendre ce biais et apprendre à le contrer peut être essentiel pour éviter des décisions erronées qui pourraient nuire à la performance et à l'innovation de l'entreprise.
Qu'est-ce que le biais du survivant ?
Le biais du survivant se manifeste lorsque les décideurs se concentrent uniquement sur les cas de succès, en négligeant tous les échecs. Cela peut amener à des erreurs d'analyse, car les succès ne sont pas représentatifs de l'ensemble des cas, et omettre les échecs empêche d'avoir une vision complète des réalités du marché ou du projet.
Exemple illustratif : l'aviation pendant la seconde guerre mondiale
Un exemple classique du biais du survivant est celui des avions pendant la seconde guerre mondiale. Les militaires ont analysé les avions endommagés revenant des missions pour déterminer les zones vulnérables. Cependant, cette analyse n’a pas pris en compte les avions qui n’étaient pas revenus, qui avaient été détruits avant de pouvoir transmettre leurs données. Ce raisonnement erroné a conduit à des décisions inefficaces concernant les renforts de protection des avions.
Le biais du survivant dans la prise de décision en entreprise
En entreprise, ce biais peut fausser les décisions stratégiques. Par exemple, un dirigeant qui observe uniquement les entreprises qui ont réussi peut surestimer la probabilité de succès d’une initiative sans comprendre les raisons des échecs d'autres entreprises similaires.
Surévaluation des chances de réussite
Les dirigeants peuvent facilement tomber dans le piège de penser que s'il y a quelques réussites visibles, cela signifie que le projet ou l'idée a de grandes chances de réussir. Ils peuvent ainsi sous-estimer les risques liés à leur initiative.
Prise de risques excessifs
En se basant uniquement sur les cas de réussite, il peut sembler que le succès est garanti, incitant les décideurs à prendre des risques disproportionnés qui ne tiennent pas compte des obstacles réels et des échecs potentiels.
Mauvaise allocation des ressources
Les entreprises peuvent être tentées d’investir massivement dans un projet qui semble prometteur, simplement parce qu’il y a quelques exemples de réussite, alors qu'il existe peut-être d'autres alternatives moins risquées et tout aussi efficaces.
Comment éviter le biais du survivant en entreprise ?
Pour limiter les effets du biais du survivant et prendre des décisions plus éclairées, il est important d’adopter des stratégies spécifiques qui permettent d’intégrer une vision plus complète de la situation.
Chercher les informations sur les échecs
Un des moyens les plus efficaces pour contrer ce biais est de ne pas se limiter aux réussites. Il faut activement rechercher des exemples d’échecs, comprendre pourquoi certaines initiatives ont échoué et quels facteurs ont conduit à ces résultats.
Remettre en question les données disponibles
Avant de prendre une décision, il est important de se poser des questions sur l'origine et la représentativité des données disponibles. Il faut veiller à ce qu'elles reflètent la réalité dans son ensemble et pas seulement les cas qui soutiennent une idée préconçue.
Considérer un échantillon représentatif
Ne jamais se contenter d’un échantillon biaisé, même s’il semble pertinent. Il est essentiel de comparer les réussites avec les échecs, de façon à obtenir un aperçu plus équilibré des probabilités et des défis réels.
Former les équipes à l'analyse critique
Il est également important de sensibiliser les équipes aux biais cognitifs, et en particulier au biais du survivant. En formant les collaborateurs à reconnaître ces biais, on peut leur donner les outils nécessaires pour prendre des décisions plus justes et moins influencées par des raccourcis cognitifs.
Le biais du survivant et le recrutement : une fausse bonne idée ?
Ce biais ne touche pas uniquement les décisions stratégiques ou les investissements, il peut également influencer les processus de recrutement. En se basant uniquement sur les profils de candidats ayant réussi dans des postes très visibles ou dans des contextes spécifiques, les recruteurs risquent de passer à côté de talents qui ne se mettent pas en avant, mais qui ont tout de même un grand potentiel.
Ignorer les talents "silencieux"
Les collaborateurs qui sont moins visibles ou qui n’ont pas une personnalité extravertie peuvent être sous-estimés. Ce biais peut affecter la diversité des profils dans l’entreprise et mener à une homogénéité dans les équipes, ce qui nuit à la créativité et à l'innovation.
Solution : diversifier les sources de recrutement
Pour éviter cela, il est essentiel d’élargir les critères de recrutement et d’intégrer des évaluations plus complètes des compétences, qui ne se basent pas uniquement sur les réussites visibles. Un entretien approfondi ou des tests de compétence peuvent donner une image plus fidèle des capacités réelles des candidats.
Du biais du survivant à celui du plus bruyant : l'impact sur l'équipe
Un autre biais proche du biais du survivant est celui du "plus bruyant". Cela se produit lorsque les membres de l’équipe qui ont une forte personnalité ou qui sont très visibles prennent une place disproportionnée dans les décisions de groupe. Ce phénomène est particulièrement fréquent dans les organisations où l’expression de soi est valorisée.
Pourquoi cela se produit-il ?
Les personnes extraverties et charismatiques attirent naturellement l’attention, et leur présence peut influencer les décisions des autres. De plus, ces personnes sont souvent plus présentes dans les discussions, ce qui augmente leur visibilité et fait de leurs idées des références au sein du groupe.
Les risques de ce biais en entreprise
Le biais du "plus bruyant" peut mener à une évaluation erronée des idées. En privilégiant les personnes les plus visibles, l’entreprise risque de passer à côté de contributions tout aussi précieuses, mais exprimées de manière moins bruyante.
Comment gérer ce biais ?
Pour éviter ce piège, il est essentiel de favoriser la prise de parole de tous les membres de l’équipe, y compris ceux qui sont moins extravertis. Organiser des réunions participatives où chaque membre a l’occasion de s’exprimer, ou utiliser des outils de collecte de feedback anonymes, peut permettre de donner une voix à tous et d’éviter que seules les opinions des plus bruyants dominent.
Prévenir les biais pour des décisions éclairées
Le biais du survivant, tout comme celui du plus bruyant, peut avoir un impact considérable sur la performance de l'entreprise. Il peut fausser les décisions, nuire à la diversité des idées et des talents, et limiter la créativité. Toutefois, en prenant conscience de ces biais et en adoptant des stratégies pour les contrer, les dirigeants peuvent améliorer la qualité des décisions prises, favoriser un environnement de travail plus équilibré et inclusif, et garantir que les choix stratégiques sont basés sur une analyse complète et objective.