Les nouvelles victimes du syndrome de l'imposteur chez les managers
Le Syndrome de l'Imposteur : définition d'un phénomène pas si nouveau
Le syndrome de l'imposteur, ou "impostor phenomenon" tel que défini par Pauline Rose Clance à la fin des années 1980, est une impression persistante de ne pas mériter son succès, ressentie par de nombreux professionnels, hommes et femmes confondus.
Ce phénomène, bien que souvent ignoré, touche particulièrement les managers, qui se retrouvent en proie à la peur et à l'insécurité malgré leurs compétences reconnues. Les femmes, en particulier, semblent plus souvent affectées, en partie à cause des pressions sociales et des attentes élevées qui pèsent sur elles dans le milieu professionnel. Cependant, les hommes ne sont pas épargnés et peuvent également ressentir cette impression de ne pas être à la hauteur de leur situation professionnelle.
Les collaborateurs affectés par ce sentiment de doute constant peuvent voir leur confiance ébranlée, ce qui impacte leur performance au travail. Cette souffrance interne n'est pas seulement une affaire personnelle, elle se manifeste aussi au sein de l'équipe, perturbant la cohésion et l'harmonie en milieu professionnel. La peur de l'échec et l'impression d'imposture peuvent conduire à une réticence à prendre des initiatives, ce qui freine non seulement le développement individuel mais aussi le succès collectif de l'équipe.
Les managers par accident : nouvelles victimes du syndrome de l'imposteur
Les "accidental managers", ou managers par accident, sont une autre catégorie fréquemment touchée par le syndrome de l'imposteur. Souvent promus à des postes de responsabilité sans formation préalable en management, ces individus se sentent incompétents malgré leur nouvelle fonction. Cette impression de ne pas être à la hauteur de leurs nouvelles responsabilités découle d'un manque de compétences spécifiques au management, ce qui érode leur estime personnelle et les conduit à douter de leur mérite.
L'accompagnement en entreprise fait souvent défaut, laissant ces managers improvisés sans les outils nécessaires pour mener efficacement une équipe. Sans une formation adéquate et un soutien continu, ils peuvent rapidement se sentir dépassés, renforçant ainsi leur sentiment d'imposture. Cette situation, mise en lumière par des études de Robert Walters, souligne l'importance de la formation continue et de l'encadrement adéquat pour ces nouveaux leaders. Une telle démarche permettrait non seulement de renforcer leurs compétences, mais aussi de consolider leur estime de soi et de légitimer leur position au sein de l'entreprise.
En effet, sur 600 cadres en France, le cabinet Robert Walters a relevé que 14% d'entre eux ont éprouvé ce fameux syndrome de l'imposteur. Il faut également souligner dans ce rapport de juillet 2024 que plus de la moitié des cadres sondés ont été prmous "discrétement", sans annonce.
Absence de formation en management
Toujours selon cette étude, 30% des managers n'ont tout simplement pas eu de formation en management, une discipline indispensable si l'on aspire à diriger des femmes et des hommes.
Le manque de formation en management est une problématique récurrente dans de nombreuses entreprises. Lorsqu'un collaborateur est promu à un poste de manager, il se retrouve souvent sans les compétences spécifiques nécessaires pour diriger une équipe et sans l'environnement qui l'accompagne. Cette lacune dans la préparation peut générer un sentiment de désarroi et de manque de légitimité, affectant non seulement le nouveau manager mais également la cohésion et l'efficacité du groupe de travail.
Sans les compétences appropriées, les nouveaux managers peuvent éprouver des difficultés à fixer des objectifs clairs et atteignables pour leur équipe. Leur confiance en eux-mêmes peut être ébranlée, les rendant hésitants à proposer de nouvelles idées ou à prendre des décisions cruciales par peur de l'échec. Cette situation non seulement freine l'innovation, mais peut également conduire à des tensions au sein de l'équipe, réduisant ainsi la productivité et l'atteinte des objectifs communs.
Il est crucial que les entreprises reconnaissent l'importance d'une formation continue et adéquate en management pour garantir un environnement de travail harmonieux et productif. En investissant dans le développement des compétences managériales, les entreprises peuvent non seulement renforcer la confiance de leurs managers, mais aussi favoriser une culture d'innovation et d'efficacité. Dans certains cas, l'appel à des managers de transition semble l'option la plus logique pour établir une nouvelle dynamique et une nouvelle hiérarchie.
Manque de reconnaissance et de considération pour les managers par accident
L'absence de reconnaissance et de considération est un facteur aggravant du syndrome de l'imposteur. Une enquête auprès des professionnels révèle que de nombreux managers ressentent un manque de reconnaissance pour leurs efforts et leur mérite. Les annonces de promotion ne s'accompagnent pas toujours d'une véritable considération, ce qui peut engendrer un sentiment de frustration et de démotivation.
Les managers par accident, souvent promus sans avoir eu la chance de développer pleinement leurs capacités et leur expérience, sont particulièrement vulnérables. Ce manque de reconnaissance professionnelle a des effets délétères sur leur moral, accentuant leur sentiment d'imposture et nuisant à leur efficacité au travail. En l'absence de feedback positif et de soutien, ces managers peuvent se sentir dévalorisés, attribuant leur succès à la chance plutôt qu'à leurs compétences réelles.
Sur le plan de la psychologie, cette absence de considération affecte leur perception de soi et leur confiance en leurs capacités. Ils peuvent alors douter de leur légitimité dans leur rôle professionnel, ce qui peut entraver leur prise de décision et leur capacité à diriger efficacement. Il est donc crucial pour les entreprises de reconnaître et de valoriser les efforts de ces managers, en leur offrant un soutien continu et des opportunités de développement professionnel pour renforcer leur estime de soi et leur efficacité au travail.
Génération Z : autre victime du syndrome de l'imposteur
La génération Z est également fortement touchée par le syndrome de l'imposteur. Ces jeunes professionnels, souvent en début de carrière, sont en proie à une anxiété accrue concernant leur mérite et leur place dans le monde du travail. La peur de ne pas être à la hauteur, exacerbée par un environnement de travail compétitif et parfois impitoyable, peut entraîner des problèmes de santé mentale tels que le stress, l'anxiété et même la dépression.
Pour ces jeunes talents, l'expérience professionnelle est encore limitée, ce qui peut engendrer un manque de confiance en leurs compétences et en leur capacité à contribuer efficacement à une équipe. Cette confiance vacillante peut nuire non seulement à leur performance individuelle mais aussi à la cohésion et aux réussites de l'équipe. L'absence de soutien adéquat et de reconnaissance de leurs accomplissements renforce leur sentiment d'imposture, les empêchant de tirer pleinement parti de leurs opportunités d'apprentissage et de développement.
Il est donc essentiel pour les entreprises de mettre en place des programmes de mentorat et de développement professionnel adaptés pour ces jeunes professionnels. En offrant un accompagnement régulier, des opportunités d'apprendre et de grandir, ainsi qu'une reconnaissance de leurs réussites, les entreprises peuvent aider ces jeunes talents à renforcer leur confiance en eux, à surmonter leurs doutes et à s'intégrer efficacement au sein de leurs équipes. Un climat de travail sain et inclusif favorise ainsi leur bien-être mental et leur succès professionnel à long terme.