Interview Alban Jarry : « Sur les réseaux sociaux, je suis mon propre cobaye. »
Alban Jarry, est aujourd’hui incontournable dans tous les réseaux, physiques et virtuels, ainsi que sur les sujets assurance, réseaux sociaux et stratégies numériques. Auteur d’un blog, où sont publiés ses livres blancs, il écrit pour la Harvard Business Review, les Echos et l’Argus de l’Assurance.
Présent sur les réseaux sociaux uniquement depuis 3 ans, il réussit pourtant à cumuler plus de 2,5 millions de vues pour ses publications, il fédère + de 15 000 abonnés sur LinkedIn et + de 30 000 followers sur Twitter.
Utilisation des réseaux sociaux, actualité de l’assurance, Alban Jarry nous livre sa vision. Découvrez notre entretien exclusif.
Parlez-nous de votre arrivée sur les réseaux sociaux et comment vous êtes devenu un influenceur du numérique ?
Ayant subi un plan social, j’ai utilisé les réseaux sociaux pendant la période de reclassement, pour rebondir plus vite. Afin de sauvegarder mon carnet d’adresse et de le mettre à jour, j’ai ouvert un compte LinkedIn en août 2012, puis un compte Twitter et un blog en février 2013. Très rapidement, j’ai utilisé ces outils pour diffuser des actualités qui renvoyaient vers les compétences que je souhaitais mettre en avant pour me faire repérer par des recruteurs.
Étant auparavant en charge des directions de l’informatique, des projets et du numérique, je pense que j’ai toujours été sensible aux évolutions technologiques. Au début des années 2000, j’avais même participé à la création de l’une des premières banques en ligne. À la fin des années 90, nous avions aussi mis en place un système de présentations professionnelles dynamique en 3D avec le moteur Virtools ! Un Prezi 15 ans avant l’heure !
Début 2013, j’ai eu aussi la chance de pouvoir publier pour Le Cercle Les Echos, probablement grâce à la présence que j’avais en associations professionnelles (notamment à l’AFG et au Club Ampere à l’époque). J’ai ainsi pu proposer des articles sur les réglementations financières et assurantielles ainsi que sur le thème des stratégies numériques (personnelles et entreprises).
Il y a, je pense, 5 clés de l’influence professionnelle : les médias, les réseaux (réels et sociaux), la présence en conférences, la rédaction d’ouvrages et l’enseignement en grandes écoles. Tous ces éléments permettent d’avoir une très bonne indexation sur internet que ce soit sur les réseaux sociaux ou les moteurs de recherche. Au-delà de ces fondations pour la réputation, ce qui importe probablement le plus c’est de savoir interagir avec des communautés.
Il ne faut jamais oublier que même à l’ère du numérique, il est essentiel de sauvegarder le contact humain : partager, aider.
Vous avez publié un livre blanc « 112 regards sur Twitter de professionnels en banque finance assurance » dans lequel vous explorez l’utilisation des réseaux sociaux ? Quelles en sont les conclusions ?
La banque finance assurance est de plus en plus présente sur les réseaux sociaux. Les compagnies les utilisent dans le cadre de leurs stratégies de marques pour atteindre de nouvelles cibles de prospects ou pour renforcer les liens avec leurs clients.
Ces outils sont de plus en plus efficaces que ce soit en B to B ou en B to C. Le rôle d’ambassadeur d’entreprise a progressivement émergé. Aujourd’hui il est devenu indispensable pour accompagner le développement numérique de l’image de marque d’une entreprise. Ce livre blanc reflète cette évolution rapide et l’importance pour des dirigeants, des experts, des journalistes, d’être présents tous les jours sur ces plateformes qui sont devenues indispensables dans leurs métiers.
Les réseaux sociaux peuvent avoir plusieurs usages. Ils sont à la fois une fantastique source d’information et une formidable opportunité pour diffuser une information. Quel autre outil permet de toucher plusieurs dizaines de milliers de cibles en quelques clics et gratuitement ? Bien utilisés, ils sont de formidables amplificateurs pour les marques.
Ce livre blanc est un témoignage sur l’évolution de l’utilisation de Twitter. Comment les usages se sont-ils affinés ? Personnellement, je retiens que Twitter est devenu de plus en plus collectif : avec un passage du « je » au « nous ». À l’image de ce que nous faisons avec #i4Emploi, la force des réseaux sociaux est de permettre une viralité démultipliée dès lors que le message initial est pris en charge par une communauté qui ouvre les champs de l’infini pour le diffuser.
Je remercie tous les contributeurs de ce livre blanc pour leur confiance, leur fidélité et leurs textes remarquables qui vulgarisent les usages de cette fantastique plate-forme.
On a beaucoup parlé de l’essor des Fintech, et du boom des banques en ligne, pensez-vous qu’une révolution semblable se prépare pour l’assurance ? Si oui, quelles formes prendront les évolutions de ce marché ?
FrenchTech, FinTech, la mode est à la Tech. Il suffit de constater l’émergence rapide de l’InsurTech et de l’HealthTech pour s’apercevoir que l’assurance est en train de se repositionner. D’un sous-ensemble des FinTech, l’InsurTech va montrer ses différences et ses spécificités pour les métiers de l’assurance.
Quand je suis arrivé dans le secteur de l’assurance, il y a un peu plus de 2 ans, tout le monde parlait de l’arrivée de Google. Je quittais le secteur de la banque finance qui lui ne se voyait pas ubériser à court terme. Aujourd’hui, c’est Orange qui arrive pour créer une banque mobile. Dans 2 ans ils seront les leaders de ce segment selon moi. Il est compliqué d’imaginer quels seront les nouveaux entrants. Il est même probable qu’ils n’arrivent pas sous la forme prévue. Afin d’anticiper cette évolution, la meilleure stratégie est d’être innovant avant les autres, d’avoir une stratégie numérique qui transforme l’interne et qui soit également une vitrine externe.
Que pensez-vous de la digitalisation du métier de l’assurance (présence des assureurs et de leurs employés sur les réseaux sociaux, social CRM, marketing digital, …) ?
Aujourd’hui, la présence sur les réseaux sociaux reste encore marginale par rapport au nombre total de salariés du secteur. D’autres secteurs sont beaucoup plus en avance et utilisent la force de leurs équipes internes pour propulser l’image de marque en externe. Il existe beaucoup de techniques pour y arriver. Dans les secteurs qui les mettent en œuvre efficacement, les entreprises les plus innovantes gagnent des parts de marché. Quand la digitalisation d’un métier est efficiente alors l’entreprise s’inscrit dans un schéma win-win et la marque employeur s’en trouve souvent fortement valorisée.
L’assurance regorge de talents qui peuvent se transformer en ambassadeurs de leurs marques, mais attention cela ne marche que lorsque cela est fait sans contraintes, il faut savoir trouver les talents volontaires et motivés.
Quels sont vos projets futurs ?
Au cours de ces 3 ans sur les réseaux sociaux, ma stratégie a été de bâtir des fondations suffisamment solides pour me permettre de parler de sujets qui me passionnent. Toutes ces interventions se font à titre personnel tout en ayant une image très professionnelle. Je compte continuer à expérimenter sur les usages du numérique et les stratégies de marques (personnelles ou entreprises) qui peuvent en découler. Je suis mon propre cobaye.
Dans le numérique, il faut être audacieux, oser des positionnements innovants ! Dans sa série « la saga des audacieux », Mathilde Aubinaud interroge des personnes remarquables et livre leurs points de vue sur l’audace. Quand je suis passé à HEC, j’ai été marqué par cette phrase « il faut apprendre à oser ». Gérard de Maupeou, le directeur du MGA, nous expliquait en soulignant qu’il ne fallait pas hésiter à faire un reboot de notre disque dur interne pour voir les choses autrement.
Les réseaux sociaux et le numérique sont bâtis me semble-t-il sur cette idée, il ne faut jamais hésiter à prendre de la hauteur pour les utiliser autrement. Dans ce domaine, il est essentiel de savoir réinventer de nouvelles règles du jeu.
Vous avez des conseils à donner à nos lecteurs et vous souvenez vous de la première fois où vous avez été résilient?
La résilience est très importante. Nous sommes confrontés à un environnement de crise où il faut sans cesse s’adapter, où chacun peut du jour en lendemain perdre son emploi. Comme une entreprise, je crois qu’il faut savoir se transformer et s’adapter à un nouveau contexte. Le secteur de la banque finance assurance doit anticiper les révolutions de leurs secteurs d’activité car l’ubérisation n’est plus un mythe.
Je pense que la première fois où j’ai été résilient, c’est lorsque j’ai redoublé ma 1ere S. Afin de conserver mes notes de français, j’ai préféré m’inscrire en candidat libre pour présenter un bac B que j’ai obtenu (en plus d’un passage en terminale C). Plutôt que de faire une terminale (et d’obtenir un 2eme bac qui finalement ne m’aurait été d’aucune utilité), je n’ai pas hésité à m’inscrire en fac pour suivre la filière MASS. Je n’ai donc pas fait de terminale et « annulé » ce redoublement. In fine, j’ai obtenu une MIAGE et un diplôme d’ingénieur maitre de l’université, filière alors réservée aux bacs C. Je pense qu’il faut toujours se projeter vers l'avant, essayer d'innover. Cette phrase de Philippe Halsman (un célèbre photographe) m'inspire beaucoup : « Dieu merci je ne connaissais pas les règles de la photographie ! Si je les connaissais, je n’aurais pas été aussi créatif. »
Encore merci à Alban Jarry d’avoir partagé son expertise au cours de cet entretien.
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