Raodath lutte contre le gaspillage alimentaire avec Optimiam
A l’occasion de la Journée de la Femme Digitale (#JFD17), nous vous présentons plusieurs portraits de femmes dirigeantes durant le mois de mars. Nous partageons leurs parcours, leurs conseils et leur expérience de l’entrepreneuriat. Aujourd’hui découvrez l’interview de Raodath Aminou, co-fondatrice d’OptiMiam, l’application qui lutte contre le gaspillage alimentaire. Découvrez son point de vue sur développement durable et l’entrepreneuriat au féminin !
Bonjour Raodath, pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Je suis une ingénieure diplômée de l’ISEP et j’ai également un master en management et formation systèmes. Une fois avoir quitté les bancs de l’école, j’ai travaillé dans la finance en tant que chef de projet web support front office. Mais j’avais envie de faire plus. J’ai donc démissionné et je suis retournée sur les bancs de l’école. J’ai suivi un master innovation et économie du numérique en parcours entrepreneuriat. J’avais envie de trouver une idée révolutionnaire pour mon projet, mais pendant plusieurs mois, je n’ai pas eu le déclic. Je voulais trouver une idée utile, qui ait du sens. Jusqu’à ce que par hasard, je tombe sur une réduction sur des sushis dans le supermarché du coin. Il vendait tout au rabais en fin de journée pour éviter de jeter des produits frais. C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée d’Optimiam.
Quel est le concept d’OptiMiam ?
C’est une solution sous forme d’application pour aider les commerces de proximité à vendre leurs surplus alimentaires. Nous les connectons avec des consommateurs qui sont proches géographiquement et ils vendent leur stock du jour moins cher au lieu de les jeter.
Quels sont les freins lors de la création d’un partenariat ? Est-il difficile de sensibiliser au gaspillage alimentaire ?
Nous avons lancé l’application en Octobre 2014 et les premiers freins étaient les frais techniques. Aujourd’hui en 2017, il n’est pas difficile de sensibiliser au gaspillage alimentaire car beaucoup d’initiatives ont été prises en amont par les autorités locales. Le principal frein est technologique, comment faire passer leur promotion ? Nous leur avons apporté une solution simple et rapide.
Quelles sont vos perspectives de développement pour les années à venir ?
Nous avons 450 points de vente partout en Ile-de-France. Dans un futur proche, nous aimerions nous établir dans les 8 grandes villes françaises mais aussi développer les partenariats dans chaque arrondissement de Paris.
Quel est votre regard sur le développement durable à l’heure actuelle ?
Il y a un super travail qui a été fait dans l’évangélisation du public qui a désormais conscience du gaspillage alimentaire. En Février 2016, par exemple avec la loi anti-gaspillage dans les cantines, nous avons pu faire la différence et collecter des aliments pour les gens dans le besoin. Ou même à Bordeaux où le premier supermarché sans emballages a ouvert avec tous les produits en vrac. Désormais il faut aussi sensibiliser les ménages qui représentent 55% du gaspillage alimentaire. Ce n’est pas tant les aliments périmés qu’ils jettent mais également leurs restes.
Avez-vous de l’espoir sur l’écologie de demain ? Quelles démarches collaboratives pourront faire la différence dans le futur ?
Oui totalement ! En France, on évolue dans une société beaucoup plus responsable qui veut comprendre ce qui se passe, d’où viennent les aliments, et qui privilégie les circuits-courts. La société se responsabilise. Il existe une initiative à petite échelle dont je suis fan : « Partage ton Frigo ». Il s’agit d’un frigo acheté par la copropriété ou par les habitants placé à l’entrée de l’immeuble et que les locataires remplissent la veille d’un départ en vacances. Ainsi les aliments ne sont pas « perdus » et ça profite à toute la communauté. Autre initiative à Berlin, il y a des frigos en libre-service dans lesquels les commerçants peuvent déposer la nourriture qu’il leur reste. Les habitants du quartier peuvent également y déposer des aliments. Cela permet aux plus démunis ou juste à toute personne ayant une fringale de pouvoir se servir. On a essayé de mettre en place cette initiative à Paris mais malheureusement la municipalité a refusé.
Vous avez participé à la JFD cette année. Que pensez-vous de la place des femmes entrepreneures dans la société ?
Non seulement nous ne sommes pas assez nombreuses mais aussi pas bien représentées. J’encourage les femmes à se lancer. Les initiatives et les projets ne manquent pas pour les femmes. Les femmes récoltent 1,7 millions d’euros de moins que les hommes lors d’une levée de fonds. Il y a encore du travail à faire.
En quoi le digital peut aider les femmes à trouver leur voie ?
Le digital créé des opportunités pour toutes personnes qui souhaiteraient se lancer. Pour Optimiam il s’agissait de la problématique d’un commerçant qui souhaitait éviter de jeter ses invendus. Moi j’ai eu le déclic digital. Le digital facilite l’accès à l’information et simplifie les transactions.
Auriez-vous un conseil pour une personne qui voudrait se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Tout d’abord il est important de dire que l’entrepreneuriat n’est pas adapté à tout le monde : il faut avoir le sens du leadership. Il n’y a pas non plus de timing idéal, il faut se lancer quand on est prêt ! Mais si j’avais un conseil ce serait : « Osez vous lancer ! » Et même si vous échouez, vous en tirerez une leçon, dans tous les cas ce ne sera que positif. En France on a bien trop peur de l’échec. Passez ce cap, vous allez beaucoup apprendre, même si ça ne marche pas. Au pire vous risquez de reprendre une activité salariée !
Merci Raodath !
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