Pourquoi et quand passer d'auto-entreprise à SARL ?

Pourquoi et quand passer d'auto-entreprise à SARL ?

Publié le 29/01/2025 09:58 | Mis à jour le 29/01/2025 12:48 | 7 min de lecture

Le statut d’auto-entrepreneur, ou micro-entrepreneur, a séduit de nombreux entrepreneurs par sa simplicité administrative et sa fiscalité attractive. Toutefois, ce statut présente certaines limites qui peuvent freiner le développement d’une activité florissante. Passer d’une auto-entreprise à une Société à Responsabilité Limitée (SARL) est une étape logique pour ceux qui souhaitent structurer leur entreprise, protéger leur patrimoine personnel et bénéficier de davantage de flexibilité fiscale. 
Nous allons vous partager les avantages de ce changement, les étapes à suivre pour transformer votre activité et les implications administratives, juridiques et fiscales qu’il implique.

Pourquoi passer en SARL ?

1. Une meilleure protection du patrimoine personnel

L’un des principaux avantages de la SARL réside dans la séparation entre le patrimoine personnel et professionnel. En tant qu’auto-entrepreneur, vos biens personnels sont exposés aux créanciers en cas de difficultés financières. Ce risque est atténué en SARL, car la responsabilité des associés est limitée à leurs apports. Cela signifie que votre patrimoine personnel reste protégé, même en cas de faillite de l’entreprise.

2. Crédibilité accrue auprès des partenaires

La SARL est perçue comme un statut plus professionnel et plus structuré que l’auto-entreprise. Cela renforce la confiance des partenaires commerciaux, des clients et des investisseurs. Les banques, notamment, sont plus enclines à accorder des prêts à une SARL, car cette structure démontre une plus grande stabilité financière.

3. Flexibilité fiscale

La SARL offre une souplesse fiscale que l’auto-entreprise ne permet pas. Par défaut, elle est soumise à l’impôt sur les sociétés (IS), ce qui permet de ne payer des impôts que sur les bénéfices réalisés. De plus, les SARL de famille peuvent opter pour l’impôt sur le revenu (IR) pendant cinq ans, un choix avantageux lorsque les charges de l’entreprise sont élevées ou que les revenus des associés sont faibles.

4. Déduction des charges réelles

En SARL, toutes les charges liées à l’activité professionnelle (loyer, matériel, frais de déplacement, salaires, etc.) sont déductibles du bénéfice imposable. Cette déduction permet d’optimiser la fiscalité de l’entreprise. À l’inverse, un auto-entrepreneur ne peut pas déduire ses charges réelles, car son imposition est basée sur un pourcentage forfaitaire du chiffre d’affaires.

5. Absence de plafond de chiffre d’affaires

Le statut d’auto-entrepreneur impose des plafonds de chiffre d’affaires annuels (188 700 € pour la vente de marchandises et 77 700 € pour les prestations de services). En cas de dépassement, il est obligatoire de changer de statut. La SARL n’impose pas de telles limites, ce qui en fait une structure adaptée aux entreprises à fort potentiel de croissance.

6. Possibilité d’accueillir des associés

Contrairement à l’auto-entreprise, qui repose sur une gestion individuelle, la SARL permet d’intégrer jusqu’à 100 associés. Cette flexibilité favorise l’entrée de nouveaux partenaires ou investisseurs, un atout pour développer l’activité et lever des fonds.

Les inconvénients de la SARL

Malgré ses nombreux avantages, la SARL présente également des inconvénients qu’il convient de prendre en compte avant de franchir le pas :
1. Formalités administratives complexes : La création et la gestion d’une SARL impliquent des démarches administratives plus lourdes que l’auto-entreprise, notamment la rédaction des statuts, l’immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) et la tenue d’une comptabilité rigoureuse.
2. Rigidité juridique : Le fonctionnement d’une SARL est encadré par des règles strictes. Par exemple, les cessions de parts sociales sont soumises à une clause d’agrément qui peut limiter la liberté d’entrée de nouveaux associés.
3. Protection sociale limitée pour le gérant majoritaire : Le gérant majoritaire d’une SARL est affilié au régime des travailleurs indépendants, offrant une couverture sociale moins étendue que celle des salariés.

Ces points doivent être soigneusement analysés pour s’assurer que le choix de la SARL correspond aux besoins et objectifs de l’entreprise.

Les étapes pour passer d’auto-entrepreneur à SARL

La transformation directe d’une auto-entreprise en SARL n’est pas possible. Il est nécessaire de procéder à la cessation de l’activité d’auto-entrepreneur, puis de créer une nouvelle SARL. Voici les étapes détaillées :

1. Cesser l’activité d’auto-entrepreneur

  • Effectuer la demande de radiation sur le site du Guichet unique de l’INPI.
  • Transmettre cette demande dans un délai d’un mois après la cessation d’activité.
Une fois la demande validée, votre activité en tant qu’auto-entrepreneur sera officiellement radiée.

2. Rédiger les statuts juridiques de la SARL

Les statuts de la SARL doivent contenir plusieurs mentions obligatoires, telles que :
  • La forme sociale : SARL.
  • La dénomination sociale.
  • L’objet social.
  • Le montant du capital social (aucun montant minimum n’est requis, mais un capital de 1 € est souvent insuffisant pour inspirer confiance).
  • La répartition des parts sociales entre les associés.

3. Immatriculer la SARL

  • Rassembler les documents nécessaires : statuts signés, formulaire M0, déclaration de non-condamnation, certificat de dépôt des fonds, etc.
  • Déposer le dossier d’immatriculation au Centre de Formalités des Entreprises (CFE) ou au greffe du tribunal de commerce.
  • Publier un avis de constitution dans un Journal d’Annonces Légales (JAL).

4. Transférer le fonds de commerce

Si votre auto-entreprise dispose d’un fonds de commerce, vous pouvez le céder ou l’apporter à la SARL. Cette opération nécessite une évaluation du fonds et la rédaction d’un acte de cession ou d’apport.

Coûts liés au changement de statut

Passer d’auto-entrepreneur à SARL engendre des coûts qu’il convient d’anticiper :
1. Frais administratifs : Immatriculation de la SARL, publication dans un JAL, dépôt du capital social, etc. Ces frais peuvent varier entre 200 et 500 €.
2. Honoraires professionnels : Il est fortement recommandé de se faire accompagner par un avocat ou un expert-comptable pour rédiger les statuts et effectuer les démarches juridiques. Les honoraires peuvent osciller entre 1 000 et 3 000 €.
3. Frais bancaires : Ouverture d’un compte professionnel et dépôt du capital social.

La fiscalité en SARL : un atout majeur

La fiscalité est l’un des principaux motifs de transition vers la SARL.
   • Impôt sur les sociétés (IS) : Par défaut, la SARL est soumise à l’IS, avec un taux réduit de 15 % sur les premiers 42 500 € de bénéfices en 2025. Cette option est particulièrement avantageuse pour les entreprises réalisant des bénéfices significatifs.
   • Option pour l’impôt sur le revenu (IR) : Les SARL de famille peuvent choisir l’IR, un régime fiscal adapté aux entreprises avec des charges importantes ou des associés ayant de faibles revenus personnels.

Passer d’auto-entrepreneur à SARL est une démarche stratégique qui permet de franchir un cap dans le développement de son activité. Ce changement offre une protection accrue du patrimoine personnel, une plus grande crédibilité, une flexibilité fiscale et des possibilités d’expansion grâce à l’intégration d’associés. Toutefois, il est essentiel de bien préparer cette transition et de se faire accompagner par des professionnels pour surmonter les défis administratifs et juridiques qu’elle implique. Si votre activité dépasse les limites imposées par le statut d’auto-entrepreneur, la SARL constitue une structure solide et adaptée pour assurer la pérennité et la croissance de votre entreprise.