#Fotofever : L’évolution de la photographie, entre narcissisme et objet d’art
Depuis sa création il y a presque 200 ans, le visage de la photographie s’est transformé et ne cesse d’évoluer à travers les âges, les nouvelles technologies et les nouveaux usages. Après une première démocratisation de la photo grâce à l’apparition des appareils numériques, son usage a explosé avec les smartphones. Qu’elle soit un simple paysage, un cliché d’actualité ou un portrait, la photographie immortalise l’instant, et bien souvent le sublime. Chacun l’utilise pour partager un moment, raconter une histoire, marquer les mémoires.
Cette révolution des usages amène de nombreux amateurs à s’essayer à la fonction de photographe, prenant avec ou sans cours des clichés à l’aide de leur smartphone. Mais la démocratisation de la photo a-t-elle pour autant changé l’art de la photographie ? Quelles conséquences pour les photographes professionnels ? A l’occasion de l’exposition Fotofever, décryptage d’un art en mutation.
La digitalisation de la photographie, artistique ou égoiste ?
Chaque année, mille milliards de photos sont prises dans le monde. 80 millions de photos sont partagées chaque jour sur Instagram et plus de 350 millions sur Facebook. Pour beaucoup de Français, la plupart de leurs photos se résument à des clichés de vacances, d’animaux ou de repas, mais également des clichés pris sur le vif ou en soirée. Tendance de ces dernières années, près de 40 milliards de selfies sont pris chaque année dans le monde, soit 1076 selfies par secondes. Ils représentent 50% des photos prises avec un mobile.
Alors que la plupart des mobinautes ne peuvent plus s’empêcher de publier des photos avec une perche à selfie, de clichés avec des célébrités ou encore en solo devant son miroir, nous ne pouvons que remarquer un certain nombrilisme exacerbé, surtout auprès des jeunes générations. La preuve par cet exemple récent de la candidate aux présidentielles américaines pendant un meeting auprès de ses futurs électeurs.
L’usage des filtres sur Instagram et de certaines mises en scène de notre vie quotidienne nous offre également une vision biaisée de la réalité. Pourquoi chaque repas, chaque pose sur le réseau a l’air si parfaite ? Car ces photos tendance « flat lay » (objets à plat) ont été préparées et orchestrées en amont par les influenceurs sur la plateforme afin de recevoir le plus de likes.
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Ces différents exemples posent la question de la qualité de ces clichés effectués par ces apprentis photographes, qui viennent concurrencer les professionnels et les galeries. Le partage à outrance a également un effet négatif sur la gestion du droit d’auteur, bien souvent non respecté comme nous l’explique Gilles Taquet, président du Syndicat de photographes SNAPIG.
Mais malgré certains usages égoistes et illégaux, le pouvoir de la photo est de plus en plus important dans le monde d’aujourd’hui. Une photo choc d’actualité peut bien plus vite dénoncer une vérité ou rallier des personnes à une cause plutôt qu’un long discours. Chacun peut partager en direct un événement dont il est témoin, devenant prescripteur d’informations. Nous nous transformons ainsi pour quelques instants en journaliste reporter d’images, dont notre contenu peut être repris par les médias eux-mêmes quand ils n’ont pas d’envoyés sur place.
L’art de la photo évolue !
Malgré l’avénement récent des amateurs photographes, l’intérêt du grand public pour la photographie professionnelle et artistique ne faiblit pas. En effet, d’après notre étude sur le marché de l’art en ligne, les photographies représentent 53% des achats des collectionneurs d’art.
C’est pourquoi nous avons choisi d’être partenaire de fotofever, la première foire dédiée à la création photographique, qui se tiendra ce weekend au Carrousel du Louvre. Vous pourrez y découvrir entres autres les photographies de Vik Muniz, Jean-Loup Sieff, David LaChapelle ou encore Erwin Olaf. La photographie d’art est une catégorie d’œuvre qui se développe énormément et a notamment beaucoup de succès auprès des jeunes collectionneurs (qui n’achètent pas seulement une mais 2 à 5 photographies au cours de l’année). Souvent plus abordable et facile d’accès que la peinture ou la sculpture, elle fait souvent partie des premières œuvres achetées et collectionnées.
Nous associer à cet événement est aussi une façon d’entrer en relation avec ce public et de l’accompagner dès le début de son activité dans la collection d’art.
La photographie a un certain succès auprès du public car elle est aussi plurielle : la variété d’interprétation et de réalisation d’une photographie apporte une liberté de création inégalable pour le photographe. Noir et blanc ou couleur, format numérique ou papier (soulignons ainsi le succès du retour du polaroid), célébrité ou inconnu, univers réaliste ou onirique, la photographie est sublimée quand elle arrive à parler d’elle-même, et bon nombre de photographes excellent dans cet art.
Certes, les professionnels sont obligés de suivre certaines tendances des utilisateurs, comme l’apparence de filtres, du développement de la photographie urbaine ou de photos prises sur le vif afin de mieux coller à la réalité de chacun. Mais cela fait partie de l’évolution naturelle de la photographie à travers les âges.
Enfin, le métier de photographe suscite encore de nombreuses passions et vocations : les photographes en herbe, qui préfèrent l’usage d’un reflex à un téléphone sont de plus en plus nombreux à suivre des cours de photographie pour améliorer leur sens artistique. Ce seront eux, mais aussi toute l’actualité digitale visuelle, qui auront une influence sur les tendances photographiques de demain.
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Sources :
http://www.blogdumoderateur.com/50-chiffres-medias-sociaux-2016/